LETTRES A MADAME FLEUR PELLERIN
Chers amis visiteurs du site plaisirstextiles.com,
donner à l’État une collection de son vivant et souhaiter participer ensuite à son devenir est un sport de combat dans lequel le donateur à peu de chances de sortir vainqueur. La seule attente de certains fonctionnaires représentants de l’État est de vous voir disparaitre pour pouvoir alors faire ce qu’ils veulent de la collection en dépit des engagements pris par l’État signataire des actes.
C'est donc à notre grand regret que nous avons été obligés d'adresser à Madame Fleur Pellerin, Ministre de la culture et de la communication, la lettre que vous pourrez lire ci-dessous. Nous nous attendions à une réponse de la Ministre mais au lieu et place nous avons reçu deux mois plus tard une lettre de Monsieur le Directeur Général des Patrimoines qui nous demandait de reconsidérer notre décision de ne pas donner à l’État les œuvres en dépôt au Puy. Or, cette lettre n’était accompagnée d’aucune assurance quant à la suite à donner aux questions de rotation et conservation des œuvres et, en conséquence, nous ne pouvions pas souscrire à la demande du Directeur Général des Patrimoines.
Nous avons donc réitéré notre position à Madame la Ministre par une lettre datée du 18 juin 2015 dans laquelle nous réclamions encore la restitution des œuvres mises en dépôt.
En dépit de nos appels téléphoniques sans suite à Monsieur le Directeur Général des Patrimoines et au Conseiller technique chargé du patrimoine et de l’architecture nous sommes encore en attente d’une réponse que nous pensons ne pas recevoir avant le mois de septembre étant donné la vacance administrative de la période estivale.
Ainsi va la vie et nos rapports avec l’État Français …
Lettre du 2 avril 2015 à Madame Fleur Pellerin
Madame Fleur Pellerin
Ministre de la culture et de la communication
3, rue de Valois
75001 Paris
Le Pecq, le 2 avril 2015
LRAR
Madame la Ministre,
Le 10 juin 2009 l’État a acquis par des actes signés par Monsieur Michel Clément, alors Directeur de l’Architecture et du Patrimoine de votre Ministère, une collection d’ornements liturgiques et de tableaux de dévotion brodés destinée à être intégrée dans son intégralité au Trésor de la Cathédrale du Puy-en-Velay (Haute Loire). Cette donation s’accompagnait du dépôt pour une durée de 6 ans de pièces comprises sous les intitulés « Textiles non brodés » et « Broderies civiles ». L’acte de dépôt (voir Pièce Jointe 0) signé le 9 juin 2009 stipule dans son article 13 que « le présent contrat prend fin avant reconduction (10 juin 2015) par la volonté de l’une ou l’autre des parties »
Nous sommes au regret de vous informer que nous n’entendons pas reconduire le dépôt et que nous renonçons à le donner à l’État comme il était prévu dans l’article 7, 2ème paragraphe de l’acte ci-dessus mentionné.
Même si la « dénonciation n’a pas à être motivée » nous tenons à vous faire part des raisons qui nous conduisent à prendre cette décision.
Les Conditions Particulières des actes que nous avons signées avec l’État le 10 juin 2009 (voir Pièce Jointe 1) sont extrêmement claires en ce qui concerne les réserves destinées à notre collection d’une part, et à la rotation et la restauration des pièces exposées d’autre part. Il est en particulier spécifié que c’est l’obligation de l’État de respecter les “ modalités d’exposition par rotation des collections et de conservation en réserves accessibles pour les chercheurs définies dans le projet scientifique ”. Le projet scientifique est du ressort du Conseil Scientifique, établi suivant les termes de la lettre de la DRAC Auvergne du 9 juin 2009 (voir Pièce Jointe 2).
Au cours de la première réunion du Conseil Scientifique le 21 octobre 2011, jour de l’inauguration de la présentation des œuvres de la Collection Cougard-Fruman au Puy-en-Velay, les questions concernant les réserves destinées à notre collection d’une part, et à la rotation et la restauration des pièces exposées d’autre part ont été abordées. Il a été acté que « Une nouvelle réunion du comité scientifique aura lieu en automne 2012. Elle aura pour objet notamment de présenter l'avancée de la réflexion sur les réserves, et l'avancée du plan de gestion de la collection (rotation et restaurations) » (voir Pièce Jointe 3).
Or, ce n’est qu’après presque deux ans d’une bataille douloureuse et acharnée avec vos services centraux et ceux de la DRAC Auvergne que nous avons réussi à faire en sorte qu’une deuxième réunion du Conseil Scientifique ait lieu à Clermont-Ferrand le 3 avril 2014 pour traiter, en particulier, des questions relatives aux réserves et la rotation des œuvres exposées.
Dans le compte-rendu de cette réunion (voir Pièce Jointe 4 dernière page) a été acté que « l’installation des œuvres en rotation en prenant en compte la contrainte de la saison touristique soit (faite) avant le printemps (mars 2015) », pratiquement trois ans et demi après l’inauguration, durée que tout spécialiste considérerait trop longue pour des textiles. Cette date a été confirmée par Monsieur Denis Labbé, Préfet du Haute Loire, qui nous faisait savoir par lettre du 3 septembre 2014 que « … les services de l'État (DRAC et STAP) ont poursuivi leur travail pour assurer la meilleure préservation de votre collection et garantir une nouvelle mise en valeur lors de la rotation prévue en mars 2015 »..
A la date de l’envoi de cette lettre non seulement la rotation n’a pas eu lieu mais nous sommes sans nouvelles de la part de la DRAC Auvergne depuis le 3 septembre 2014..
Par ailleurs, les pièces de la collection sont conservées depuis leur arrivée au Puy-en-Velay en octobre 2009 dans les boîtes ayant servi à leur transport sans que rien ne soit fait pour que des réserves dignes de ce nom soient mises en place. En outre, la demande de « promotion en catégorie B (corps des secrétaires de documentation) de Celline Gacon afin que ses missions soient en rapport avec ses tâches actuelles relatives aux collections du trésor d'art religieux » (voir Pièce Jointe 4 dernière page) n’a pas été couronnée de succès ce qui fait que personne n’est officiellement responsable de la collection sur place.
Dans ces conditions vous comprendrez sans doute, étant donné les difficultés qu’a l’État pour honorer ses engagements vis-à-vis des donateurs et des collections, les raisons qui nous poussent à ne pas donner suite à nos intentions de donation.
Dans l’attente de votre réponse et en souhaitant que les personnels de votre ministère prennent contact assez rapidement avec nous pour fixer le calendrier et les conditions de récupérations des œuvres,
Veuillez, agréer, Madame la Ministre, l’assurance de nos respectueuses salutations.
Lettre de monsieur le Directeur Général des Patrimoines
Lettre du 18 juin 2015 à Madame Fleur Pellerin
Madame Fleur Pellerin
Ministre de la culture et de la communication
3, rue de Valois
75001 Paris
LRAR
Le Pecq, le 18 juin 2015
Madame la Ministre,
Nous avons reçu le 1er juin une lettre de Monsieur Vincent Berjot, Directeur Général des Patrimoines, en réponse à la lettre que nous vous avons adressée le 2 avril 2015.
Cette lettre nous parvient deux ans après le courriel que nous lui avions adressé le 23 mai 2013, qui est resté sans réponse de sa part (voir pièce jointe), où nous évoquions les « problèmes que nous rencontrons dans la mise en œuvre des réserves et de la conservation de la collection que nous avons donnée à l’État en 2009 » et nous lui demandions « de bien vouloir avoir l’obligeance de convoquer de toute urgence une réunion de toutes les parties intéressées, dont nous, pour prendre toutes les décisions immédiates qui s’imposent pour que l’État soit en mesure de satisfaire les obligations qui sont les siennes ».
Dans un deuxième courriel daté du 29 mai 2013 qui lui était adressé aussi nous insistions sur le fait que « C’est donc au Ministère de la Culture et de la Communication, signataire des actes de donation et autorité de tutelle de la DRAC Auvergne d’assumer ses responsabilités » et qu’il « faut absolument que les obligations qui leur incombent et qui sont précisément établies dans les actes de donation du 10 juin 2009 … soient immédiatement mises en œuvre. Si ce n’était pas le cas nous nous verrions, à notre grand regret, dans l’obligation d’envisager toutes les actions destinées à sauvegarder nos droits et ceux de la collection ».
Le courrier de Monsieur le Directeur Général des Patrimoines n’apporte aucune réponse concrète à nos légitimes demandes. Nous sommes d’accord avec lui que « le retrait des pièces textiles non brodées et broderies civiles … serait sans doute dommageable à l’intégrité de la collection ». Mais quel serait l’intérêt d’augmenter la collection au Puy par une donation supplémentaire sans disposer d’un mobilier de réserve digne de ce nom ?
Croyez, Madame la Ministre, que nous aurions souhaité que la joie que nous avons éprouvée intensément le jour de l’inauguration de la première présentation de la collection au Puy-en-Velay - accompagnés par des fonctionnaires dévoués qui ont œuvré avec obstination pour rendre possible « la nouvelle présentation du trésor d’art religieux » - se prolonge.
Depuis septembre 2012 nous avons déployé des efforts considérables pour assurer le « respect dans la lettre et dans l'esprit des souhaits exprimés par les donateurs et mécènes consignés dans les actes de donation et de vente ou dans le présent courrier (lettre DRAC du 9 juin 2009) » sans qu’ils soient couronnés de succès.
Nous sommes usés et n’avons plus le courage de nous investir sans avoir reçu au préalable des assurances formelles, concrètes et définitives quant aux nombreuses demandes que nous n’avons pas arrêté de faire à vos services. Parmi elles la désignation d’un référant sur place ayant la connaissance de la collection (voir Pièce jointe avec lettre adressée à Madame Aurélie Filippetti le 4 juin 2014), le calendrier de rotation des œuvres, le calendrier d’aménagement des réserves, le projet de règlement intérieur du Comité Scientifique de la Collection Cougard-Fruman, la désignation du Président et du Secrétaire du Comité Scientifique, la mise en place au Puy d’une signalétique spécifique à la collection, etc.
Dans ces conditions, nous ne pouvons pas revenir sur notre décision de mettre fin au dépôt des œuvres comprises sous les intitulés « Textiles non brodés » et « Broderies civiles » et nous souhaitons que les personnels de votre ministère prennent contact très rapidement avec nous pour fixer le calendrier et les conditions de récupération de ces œuvres.
À défaut de réponse sous quinzaine nous reprendrons toute liberté d’action.
Veuillez, agréer, Madame la Ministre, l’assurance de nos respectueuses salutations.
Date de dernière mise à jour : 30/01/2020
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