SLEEPING BEAUTIES Reawakening Fashion
LES BELLES ENDORMIES Réveillant la mode
Au cours d’un récent séjour à New York j’ai eu la chance de visiter l’exposition du Costume Institute du Metropolitain Museum intitulée de manière énigmatique « Sleeping Beauties Reawakening Fashion » que je traduirais par « Les Belles endormies : réveillant la mode ». Si j’ai bien compris il s’agit de « belles endormies » puisque ces spécimens de robes haute couture se reposent dans les réserves des musées et que, en sortant de leurs réserves, elles sont exposeés pour « réveiller » l’inspiration des créateurs et, ainsi, la mode. Pour moi, qui ai souvent des difficultés à comprendre la profondeur de la pensée qui guide souvent les commissaires d’exposition, je me garderai de m’aventurer dans des explications qui me sont inaccessibles puisque je n’ai pas lu le catalogue. Donc, je ne parlerai pas des expériences sensorielles – odorat, ouïe et toucher - qui sont proposées en parcourant l’exposition sauf pour celle qui m’est la plus familière : la vue. Et, je vous l’assure, elle est comblée puisque je suis resté plus de trois heures et n’ai pu apprécier en détail qu’une partie des créations montrées. Comme vous pouvez l’imaginer facilement je me suis concentré sur celles qui avaient bénéficié d’un embellissement brodé, ce qui était la majorité des cas. Le parcours que je propose est basé sur la confrontation des techniques de broderie utilisées et, comme je l’ai fait dans la note « Schiaparelli et la broderie au MAD » publiée dans ce site, j’essayerai de les mettre en regard avec celles utilisées dans le passé.
Paillettes, paillons, perles, « jais[1] », canetilles et autres choses …
Pourquoi ne pas commencer avec la petite veste, Figure 1, appelée Iris par son créateur, le grand Yves Saint Laurent, en hommage au tableau de Vincent van Gogh au Getty Center de Los Angeles, Figure 2.
Figure 1
Yves Saint Laurent, Veste « Iris », Printemps/Été 1988
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Achat, Amis du Costume Institute, 2019 (2019.93a)
Figure 2
Vincent van Gogh (1853 - 1890), Getty Center, Los Angeles, USA
La comparaison de ces deux images est époustouflante, tant la transcription en broderie de l’original peint à l’huile, est fidèle à l’esprit et à la forme du tableau de Van Gogh. On notera comment la partie inférieure de la veste reprend les couleurs et la texture du terreau dans lequel sont ancrées les feuilles, comment dans la partie supérieure on voit apparaitre le champ de fleurs roses et, entre les deux, comment s’épanouissent les iris bleus, à l’exception de l’un d’entre eux, tout blanc, à gauche.
Pour mieux apprécier cette transposition penchons-nous sur la Figure 3 où j’ai mis en vis-à-vis le détail d’un iris, en broderie à gauche et en peinture à droite.
Nous voyons comment le brodeur ou la brodeuse a intercalé la broderie de jais, se suivant les uns aux autres à la queue leu leu comme il convient, avec celle de paillettes, parfois sagement couchées et se recouvrant les unes les autres, parfois totalement déstructurées et posées de manière quelque peu anarchique. C’est ainsi qu’on obtient, grâce aux très nombreuses nuances de couleurs, qui vont du bleu ciel au bleu violacé cerné du noir profond pour les pétales aux verts les plus variés pour les feuilles en passant par quelques « touches » de jais orange qui apportent de la chaleur, comme dans la peinture, à des tonalités plutôt froides.
Figure 3
Comparaison d’un iris, à gauche en broderie, à droite en peinture à l’huile.
Cette veste, somme toute assez modeste dans sa forme, est magnifiée par le scintillement des paillettes en plastique polychrome et les tubes de verre (jais) polychromes eux aussi. La broderie à été executé par neuf artisanes de la Maison Lesage qui ont travaillé sur cette pièce par sections, cousues de sorte à créer une « toile » unifiée. Ce tour de force artistique et technique a nécessité 600 heures de travail manuel, 250 mètres de ruban, 200 000 perles et 250 000 paillettes en 22 couleurs.
Je vous laisse apprécier, en consultant la Figure 4, l’inventivité des « artisanes » qui ont accompli cette œuvre, que je considère magistrale.
Figure 4
Détail de la broderie de la Figure 1 montrant le travail de paillettes et de jais. Notez les paillettes vertes, bleus et blanches déstructurées « mélangées » avec des « jais » blancs, ainsi que les « jais » noirs facettés au centre et à droite pour créer les cernes des iris.
Restons dans les mêmes matériaux : paillettes en plastique polychrome auxquelles on a ajouté des perles en plastique de différentes tailles, de jais transparents et de couleur utilisés pour agrémenter une robe de soirée avec une impression numérique de lys, dahlias, pivoines, pétunias, amaryllis, chrysanthèmes et digitales sur une faille synthétique, Figure 5.
Figure 5
Mary Katrantzou, robe de soirée Digitalis, printemps/été 2018
Metropolitan Museum of Art, NYC, Don de Mary Katrantzou, 2024 (2024.60a, b)
On peut reconnaitre facilement les parties imprimées, en noir, et celles rebrodées (voir détails figures 6 à 8).
Figure 6
Détail de la Figure 5 montrant la grosse fleur à gauche.
On voit sans difficulté la technique des paillettes posées à plat et superposées, de sorte à laisser visible l’orifice central, pour représenter les pétales cernés de jais de petite taille dans les mêmes tonalités. À mi-hauteur à gauche on distingue des boucles, que nous pensons être en canetille. Elles surmontent des jais, « debout » sur l’étoffe, fixés par une paillette de petite dimension fixée elle-même par une petite perle.
Figure 7
Détail de la Figure 5 montrant le travail de paillettes, comme celui de la Figure 6, et, en particulier, les paillettes dorées fixées grâce à une perle de la même teinte. En partie haute on distingue deux feuilles en application d’étoffe ( ?) verte dont les nervures sont indiquées par des jais à nuances de vert.
Figure 8
Détail de la Figure 5 montrant un « festival » de paillettes et de jais. Au centre on note les jais fixés par une extrémité à l’étoffe du fond comme dans le détail de la Figure 6. Les effets lumineux rendus par les paillettes en variant leur finition, brillante ou opaque, et leur disposition, avec ou sans recouvrement, sont impressionnants. Sur la droite et en haut, des feuilles nervurées avec du jais, comme dans la Figure 7.
D’après Nicole de Reyniès[2] l’acception moderne de « paillons » est celle de petits éléments emboutis et colorés de formes diverses. C’est à ces paillons qu’a fait appel Conner Ives, un jeune créateur américain, pour faire broder la robe « Couture Girl » de sa collection automne/hiver 2021-22, Figure 9. Ceux qui pourraient s’interroger sur le « comment » cette robe peut être portée, trouveront la réponse sur ce site.
Figure 9
Conner Ives, robe « Couture girl », collection automne/hiver 2021-22
Metropolitan Museum of Art of Art of Art, NYC, achat Amis du Costume Institute, 2022 (2022.378a, b)
Figure 10
Détail de la Robe de la Figure 9.
En ce qui concerne notre propos, ce qui compte est que la totalité de cette robe est pavée de paillons polychromes en polyéthylène téréphtalate recyclé, représentant des marguerites, pivoines, dahlias et tournesols, cousus en utilisant des perles polychromes aussi en plastique recyclé. La Figure 10 permet de d’observer la méthode de fixation qui est identique à celle préconisée par Saint-Aubin[3] au XVIIIe siècle en remplaçant les « grains de frisure » par les perles.
C’est dans le même esprit que Dries van Noten embellit le top d’un ensemble (Fig. 11), de sa collection automne/hiver 2015-16 en utilisant des paillettes en plastique irisées et de paillons ressemblant à des ailes de scarabée, Figure 12.
Figure 11
Dries van Noten, top d’un ensemble de sa collection automne/hiver 2015-16
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Don de Dries van Noten, 2024 (2024.57.1a-d)
Figure 12
Détail de la veste de la Figure 11 montrant les lignes de paillettes en plastique irisées et les paillons
ressemblant à des ailes de scarabée
Cette mode de recouvrir complètement le vêtement avec des paillettes n’est pas récente puisqu’une robe de soirée, d’origine inconnue (Américaine ou Européenne), et du tout début du XXe siècle en offre un exemple impressionnant, comme les Figures 13 et 14 peuvent en témoigner.
Figure 13
Américain ou Européen, robe du soir, vers 1906
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Don de Miss Irene Lewisohn, 1987 (C.I. 37.46.97)
Figure 14
Détail de la robe du soir de la Figure 13.
Sur la dernière figue, à hauteur de l’encolure, on voit une accumulation de paillettes assez désordonnée et, en bas à droite, d’autres paillettes de plus petit diamètre alignées et posées sur un rembourrage en forme de serpent qui peut être vu au milieu de la Figure 13. On constate aussi que les paillettes viennent s’ordonner en descendant vers la taille de la robe en la soulignant en contraste avec la surabondance de l’encolure.
Mais cette surabondance, qui s’est prolongée, comme nous l’avons vu, au cours du XXe et du XXIe siècle, laisse parfois la place à une discrétion, une subtilité et une élégance exceptionnelle grâce au talent des grands créateurs. C’est le cas pour la robe de soirée de la maison Balmain, par Balmain, appelée « Oriane » de la collection automne/hiver 1954/55, Figure 15.
Figure 15
Maison Balmain, par Pierre Balmain, robe de soir « Oriane », collection automne/hiver 1954/55
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Don de Mrs. David Rosenthal, 1960 (0.I.60.301, b)
Ici plus d’amoncellement de paillettes. Le dessin est dégagé et montre l’utilisation d’une variété de pendeloques (certains jais) en plastique transparent et irisé et en nacre ainsi que de perles de différents diamètres. On trouve du filé et de la canetille métal ainsi que de la chenille de soie, Figure 16.
Figure 16
Détail de la Figure 15. Du haut en bas :
* de la chenille, opaque et floue, entourant des motifs avec une perle centrale, quatre jais en X
et de morceaux de nacre (supposé) intercalés (en bon état à gauche et réparé à droite)
*un motif central composé d’un paillon métal entouré de nombreuses perles (18 ?)
suivies par des plaques transparentes et en nacre
* quadrillage obtenu par le croissements de deux filés métal, accolés et couchés, joints par un point croisé
*le quadrillage est bordé de perles de plusieurs tailles et des jais ainsi qu’une plaque de nacre elliptique
* motif, de brins de canetille, en forme de cœur dont l’intérieur est pavé de plaques de nacre
*des fleurettes composées d’une grosse perle centrale entourée par des jais et des paillettes,
ainsi que des motifs en éventail en jais, tous reliés par un filé métal en couchure doublé d’un file métal piqué.
Puisque j’imagine que la description de l’image de la Figure 16 vous a paru longue et difficile, je vous fais grâce de celle de la Figure 17. En effet, vous retrouverez les matériaux et les techniques déjà décrits, en particulier dans des arrangements en forme de « gloires » rayonnantes, encore plus élaborées que celles décrites précédemment, et des objets que j’ai osé appeler des « pendeloques ».
Figure 17
Détail de la Figure 15, en haut du corsage.
On peut faire encore plus simple, sans pour cela perdre de la grandeur, comme le démontre Christian Dior avec ses deux robes de bal nommées « Venus » et « Junon » , Figure 18, de la collection automne/hiver 1949/50. Dans ces deux œuvres, un léger tulle est brodé de plumes, de paillettes de gélatine opalescentes - dorées, argentées, bleues, vertes et orange - de perles synthétiques et de cristaux transparents. La broderie, issue de l'atelier de René Bégué, est fort bien et poetiquement decrite dans des pages consacrées à "Christian Dior : Robes de bal" publiées par le Metropomitan Museum, NYC. La Figure 19 montre, à gauche, un détail de « Junon » et, à droite, de « Vénus ».
Figure 18
Maison Dior par Christian Dior, Robe de bal, « Junon » à gauche et « Venus » à droite.
Collection automne/hiver 1949/50.
Don de Mrs. Byron S. Foy, 1953 (C. I. 58.40. 5a-c et C. I. 58.40. 7a-c)
Figure 19
Détail de la Figure 18, « Junon » à gauche et « Venus » à droite.
Ici, le tulle du fond est visible et fait ainsi parti du décor ; il laisse apercevoir le taffetas sous-jacent d’une part et, d’autre part, il est le support de l’attirail d’embellissement, déversé intelligemment et d’une main experte par les brodeurs ou brodeuses ayant participé à la réalisation de ces deux chefs d’œuvre. L’accumulation est ici pratiquement inexistante, sauf dans les zones où elle est requise pour accentuer les bordures des volants, sombres chez « Junon » et claires chez « Vénus ».
Après ce moment d’une relative quiétude penchons-nous sur un ensemble de soirée – veste et robe – de Thom Browne crée en 2019, Figures 20 et 21.
Figure 20, vue de face
Thom Browne (Américain, 1965), ensemble de soirée, printemps/été 2019
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Donation Thom Browne, 2024 (2024.61a, b)
Figure 21, vue de dos (partielle)
Thom Browne (Américain, 1965), ensemble de soirée, printemps/été 2019
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Donation Thom Browne, 2024 (2024.61a, b)
Le superlatif s’applique à cette création, qui reprend le langage de la broderie d’antan et combine, comme on peut le voir dans le détail de la veste reproduit dans la Figure 22, les matières des fonds (verre et métal), ceux de la broderie (paillettes, jais et canetille) et les techniques (en couchure et à plat).
Figure 22
Détail de la veste de la Figure 20 et 21.
Des paillettes dorées, couchées et cousues avec un double fil métal, séparées en diagonale par trois jais dorés accolés
et ce qui semble être une boucle de canetille à facettes.
Cette disposition, somme toute assez sage, devient baroque quand on considère celle qui couvre le bas du corsage et les deux côtés de la jupe à hauteur des hanches, Figure 23.
Figure 23
Détail du bas du corsage et des deux côtés de la jupe à hauteur des hanches.
Notez les lames or en couchure sur lesquelles sont posés des paillettes circulaires, estampées d’un hexagone en relief, mélangés avec les « poils », métal doré et argenté, des franges.
Beaucoup plus classique est la disposition des paillettes dans d’autres parties de la jupe, comme on peut le voir dans le détail de la Figure 24, où elles sont posées sagement en se recouvrant les unes les autres en écaille de poisson. Cette régularité est interrompue par la présence inopinée de franges et de paillettes estampées en partie haute et basse de l’image.
Figure 24
Détail de la jupe
Les paillettes sont posées se recouvrant les unes les autres en écaille de poisson.
Cette régularité est interrompue par la présence inopinée des franges
et de paillettes estampées en partie haute et basse de l’image.
Il nous reste à aborder l’utilisation de la canetille pour décorer le buste de la robe et la bordure de la veste, Figure 25.
Figure 25
Le buste de la robe est agrémenté de deux coquilles Saint-Jacques (ici celle de gauche) obtenues par la pose d’une canetille blanche sur rembourrage (en guipure) pour obtenir un effet de relief. Les cotes en éventail sont indiquées par des coutures longitudinales qui s’écartent en éventail du bas vers le haut. La surface est texturisée par la pose d’étroites bandes de tulle de soie gris clair et foncé. Sur le côté droit de l’image on aperçoit le bord de la veste cerné de trois galons (bleu, blanc et rouge) brodés en guipure de canetille. En bas à gauche le tulle est « saupoudré » de paillettes et des filés or.
Je ne peux pas m’empêcher de comparer quelques éléments brodés des illustrations qui précèdent avec ceux d’une œuvre de notre collection. Il s’agit d’un antependium à l’Agneau sur le Livre des Sept Sceaux d’origine sicilienne et de la fin du XVIIIe ou tout début du XIXe siècle, Figure 26. On voit en effet des paillettes fixées exactement comme dans la Figure 22, avec deux fils posés sur les paillettes et croisés par un point qui les fixe sur le support. De chaque côté des paillettes un ruban de canetille, comme dans la Figure 25. À droite, un bout d’un paillon cerné par des brins de canetille, qui s’apparentent aux jais, posés entre les paillettes de la Figure 22.
Figure 26
Détail d’un antependium à l’Agneau sur le Livre des Sept Sceaux
Italie (Sicile), fin XVIIIe siècle
Collection, J. et D. Fruman
Ce rapport entre les techniques des broderies anciennes et contemporaines n’a pas été pris en compte par les commissaires de l’exposition Cependant, quelques œuvres ont été présentées en regard d’un vêtement brodé anciennement et dont les motifs sont similaires. Ainsi, dans la même vitrine une veste féminine courte, anglaise du début du XVIIe siècle, est confrontée à une robe longue de Karl Lagerfeld pour la Maison Chanel, du début de XXIe siècle, Figure 27. Cette confrontation est pertinente puisque le dessin de la broderie qui les décore est très proche. Il est constitué par un enchevêtrement d’arcs de cercle qui enferment des motifs végétaux et animaux les plus variés, Figure 28. Que l’homme de culture qui était Karl Lagerfeld s’en soit inspiré n’est point étonnant si l’on considère que des très nombreux spécimens de ce type de broderie profane se trouvent dans des musées et ont été publiés[4].
Figure 27
À gauche, Angleterre, Veste courte, 1615-20.
Metropolitan Museum, NYC, Rogers Fund, 1923 (23.170.1)
À droite, Maison Chanel, Karl Lagerfeld, robe du soir, automne/hiver 2006-2007
Prêt Chanel, Paris
Figure 28
Détail de la Figue 27 à gauche.
Voyons maintenant l’interprétation de Karl Lagerfeld et la mise en œuvre des brodeurs. Ils ont abandonné les fils de soie polychrome et de métal doré anciens et ont adopté des paillettes blanches et polychromes, de cristaux polychromes, de fausses perles, des jais dorés et de bien d’autres choses que je vous laisse deviner au vu des figures 29 et 30.
Figure 29
Détail de la robe de la Figure 27 à droite.
Notez que le fond est totalement pavé de paillettes blanches se recouvrant.
De haut en bas et de gauche à droite :
*un ruban limité par de deux lignes de « brillants » enserrant deux rangées de perles sur un fond de paillons dorés, estampées d’un motif hexagonal
*« fleur » de paillons bleus cernée de jais dorés, tige en verroterie verte cernée de jais dorés
*un ruban fait de quatre rangs de paillettes dorés et polychromes
*un motif végétal en paillettes vertes tenu par une tige en jais doré et d’autres motifs végétaux cernés de jais dorés
*un autre ruban de quatre rangs de paillettes dorés et polychromes
*un amoncellement de paillettes polychromes, certaines superposées, et au centre de la verroterie
polychrome transparente pour constituer une grosse fleur
*deux rubans de trois/quatre rangs de paillettes dorées.
Figure 30
Détail de la robe de la Figure 27 à droite.
Pour finir cette présentation je me dois de vous montrer la robe « Mini-Miss Dior », d’une quarantaine de centimètres de haut, décrite dans le cartel de la façon suivante : Robe en filet de nylon rose et taffetas de soie rose recouverte d'une bobinette de coton crème brodée de marguerites, violettes, narcisses, coquelicots, lilas, myosotis et autres fleurs en taffetas de soie polychrome ; jupe en toile de soie rose recouverte d'une maille de coton crème brodée de marguerites en taffetas de soie polychrome, de violettes, de narcisses, de coquelicots, de lilas, de myosotis et d'autres fleurs … », Figure 31.
Figure 31
Maison Dior, robe « Mini-Miss Dior », 2014, édition 2024
Metropolitan Museum of Art of Art, NYC, Présent de Christian Dior Couture, 2024 (2024.146.2a-f)
La totalité de la surface de cette « minirobe » est un jardin où toutes les fleurs mentionnées dans le cartel sont visibles grâce aux prises photographiques montrées dans les Figures 32 et 33, pour le corsage et 34 pour la jupe.
Figure 32
Corsage de la robe de la Figure 31
Figure 33
Détail du corsage de la Figure 32
Figure 34
Détail de la jupe de la robe de la Figure 31
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur la broderie dans cette exposition, mais je les réserve pour une autre note si l’accueil de celle-ci est favorable. Donnez-moi votre avis et faites-moi savoir si la partie technique, jamais très facile à expliquer quand on n’a pas accès direct aux objets mais seulement à des photos, est compréhensible. En tout cas, j’espère que vous vous amuserez en la lisant autant que moi en l’écrivant et en les décrivant.
Mon grand regret est que seuls deux ateliers de broderie - celui de René Bégué, aujourd'hui disparu, et celui de la Maison Lesage, toujours en activité - soient mentionnés dans les cartels de quatre des oeuvres exposées. Il serait juste et opportun que tous les ateliers de broderie ayant participé à l'execution de ces oeuvres soient mentionnés dans les cartels, leur rendant ainsi un hommage merité.
Texte et photos Daniel H. Fruman
(sauf quand renvoi à une adresse Internet)
Juin 2024
Je tiens à remercier Danièle Denise, Conservateur honoraire du patrimoine, d’avoir bien voulu corriger ce texte et m’apporter ses encouragements. Merci aussi à DS pour sa relecture du texte au fur et à mesure de sa progression. Annie Carlano - Senior Curator of Craft, Design & Fashion, The Mint Museum, Charlotte, NC, USA - a eu, à l’occasion d’une récente visite à l’exposition, la patience de vérifier les cartels et me signaler ceux où figure le nom de l’atelier de broderie. Qu’elle en soit expressément remerciée.
[1] On s’accorde pour appeler « jais » des éléments cylindriques, de section circulaire le plus souvent, qui se trouvent pouvoir être fabriqués en jais, mais aussi en verre ou métal. Suivant Saint-Aubin « La broderie en jais se fait en enfilant chaque grain de jais, ou d’une soie bien cirée, ou d’un laiton très fin, qu’on emploie ensuite comme la soie passée, sur la superficie des objets, en choisissant les grains plus ou moins longs suivant la largeur de l’objet »
[2] REYNIÉS (Nicole de), Vocabulaire de la broderie de couleur, dans Livres en broderie, reliures françaises du Moyen Âge à nos jours, Paris, Bibliothèque nationale de France/DMC, 1995, p. 165.
[3] SAINT-AUBIN (Charles-Germain de), L'art du brodeur, 1770, réédité par le Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles, 1983.
[4] SCHUETTE (Marie), MÜLLER-CHRISTENSEN (Sigrid), La broderie, Paris, éditions Albert Morancé, 1963, p. 238-245.
Date de dernière mise à jour : 01/12/2024
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