DRÔLES D’OISEAUX !
Les motifs ornithomorphes dans quelques textiles précolombiens
Comme Pál Kelemen [1] - auteur de l’ouvrage Medieval American Art - le fait remarquer très opportunément “des oiseaux de tous types apparaissent dans l’art des Andes, des petits colibris, dessinés sur les vases Nazca, aux créatures en forme de canard dans les bandes de tapisserie et les figures plus conventionnelles martelées dans du métal [2] ». Une confrontation entre les représentations aviaires dans différents matériaux a été déjà abordée, en particulier dans une exposition intitulée « Flights of Fancy: Birds in Pre-Columbian Art* » qui a eu lieu à la Dumbarton Oaks Collection, Washington D.C., en 2009-2010. Nous ne pouvons pas prétendre rivaliser avec une institution qui possède l’une des plus belles et riches collections d’art précolombien du monde et allons simplement présenter quelques textiles du Pérou précolombien de notre collection décorés avec des oiseaux plus ou moins stylisés et établir des comparaisons avec des œuvres textiles de la même origine dans d’autres collections.
Des oiseaux très stylisés …
Un élément de parure cérémonielle de la civilisation Chimu (1100 – 1400), Figure 1, est orné d'un beau décor de bandes diagonales contenant une frise d’oiseaux stylisés s’emboîtant en opposition positif-négatif, Figure 2. Il s’agit d’une tapisserie, chaîne en coton et trame en laine, sans fentes. Les fils de trame enlacent deux fils de chaîne et suivent par endroits le dessin en oblique pour éviter les fentes comme le décrit d’Harcourt [3]. Le dessin des oiseaux emboîtés de notre exemplaire est identique à celui d’un fragment de bordure Chancay (?) (900-1430), du British Museum (Am1914,0731.50), Figure 3, et très proche de ceux publiés par Anton[4]. Notre fragment en escalier est voisin de celui du Musée d’Ethnographie de Genève (inv. ETHAM 057779) ; les oiseaux étant remplacés par des serpents emboîtés. Figure 1 : Élément de parure cérémonielle, Chimu (1100 – 1400), 23x20cm. © Collection Fruman
Figure 2 : Il s’agit du même détail de la Figure 1 tourné de 180° pour mettre en évidence l’imbrication des oiseaux. © Collection Fruman
Figure 3 : Détail d’une bordure, Chancay (?) (900-1430), © The Trustees of the British Museum, Londres, (Am1914,0731.50)
Le dessin des oiseaux de cet élément de parure n’est pas très différent de celui d’un fragment de bordure Chancay (Rimac ?) (900-1470), Figure 4, en tapisserie à fentes (kilim), chaine en coton et trame en laine de camélidé extrêmement fine, avec un décor en diagonale de bandes avec des oiseaux emboîtés (la tête de l’un vers la queue de l’autre), dont la Figure 5 montre un détail. Ici on voit apparaitre un gros bec, qui fait penser à celui d’un pélican, deux embrions de pattes et une queue qui se confond avec la limite échelonnée des bandes.
Figure 4 : Fragment de bordure, Chancay (Rimac ?) (900-1470), 12x57,5 cm, © Collection Fruman.
Figure 5 : Détail de la Figure 4. © Collection Fruman
Le dessin de ces oiseaux emboîtés ou enchevêtrés est celui décrit par Anton [5] avec, comme seule différence que les bords sont moins échelonnés du fait de la grande finesse de la tapisserie. La disposition en diagonale est à rapprocher d’un fragment de bordure appartenant au Museo de América de Madrid (inv. 14611) donné comme provenant de la côte centrale (1000-1450) et a un fragment de manto du Musée du quai Branly (inv. 71.1933.0.271.95 X) avec des oiseaux imbriqués assez proches. Le Museum of Fine Arts de Boston possède trois bordures [6] décoratives avec des bandes diagonales en tapisserie à fentes (kilim) comme dans notre exemplaire (Gift of Edward W. Hooper, inv. 78.77, 78.80, 78.81). Elles sont supposées provenir de Rimac, sur la côte centrale et géographiquement proche de Chancay. Les très nombreuses fentes permettent d’obtenir, dans note pièce et dans le fragment - inv. 78.81 - du musée de Boston mentionné ci-dessus, un agréable effet décoratif.
Dans ce que nous croyons être des ornements d’encolure de poncho ou unku, mesurant 9,5x43,5 cm et provenant probablement de la côte centrale ou sud (900-1500), on trouve sur la totalité du champ un décor d’oiseaux (pélicans ?) stylisés placés en rangs parallèles et dirigés dans des sens opposées, avec des triangles et des losanges intercalés dans les vides, Figure 6, Ces ornements sont assez rares et nous n’en connaissons que deux fragments au British Museum (inv. Am1954,05.479 et 1954,05.522), Ica (600-1430), 12x37 cm. Le détail de la disposition des oiseaux est montré dans la Figure 7. Visuellement le décor est proche de celui des bandes décorant un sac (chuspa) illustré par d’Harcourt[7]. La stylisation des oiseaux est celle de la Fig. 83 d’Anton [8].
Figure 6 : Encolure de poncho ou unku, côte centrale ou sud (900-1500), 9,5x43,5 cm ; © Collection Fruman
Figure 7 (à gauche) : Détail de l’encolure de poncho ou unku. © Collection Fruman
Cette stylisation et cette disposition des oiseaux agrémentent aussi une demi-pyramide à neuf marches de notre collection, Figure 8, et sont très proches de celles d’un fragment du Musée du quai Branly (inv. 71.1933.0.271.310 X) et d’un autre au Museum of Natural History de New York (inv. A450892).
Figure 8 (à droite) : Détail de d’une demi-pyramide scalaire
avec décor d’oiseaux. Chimu, 1000-1500. © Collection Fruman
Des oiseaux emboîtés on passe à ce que nous appellerons les oiseaux siamois comme dans un élément de poncho, Figure 9, de la civilisation Chimu ou Chancay (1100 – 1400), décoré en broderie de motifs formés de deux têtes et deux paires de pattes ( ?) d’oiseaux qui partagent le même corps, Figure 10. Ces oiseaux à deux têtes identiques s’opposant en diagonale sont à rapprocher des oiseaux à deux têtes en miroir d’un fragment de vêtement Ica entre 1000-1476 du Museum of Fine Arts de Boston [9] (inv. 51.2455). La broderie des oiseaux sur un tissu d’armure toile uni est proche de celle d’un fragment représentant des grenouilles [10], originaire de la côte centrale ou sud (1000-1400).
Figure 10 : Détail des oiseaux de la figure 9 tournés de 90°. © Collection Fruman
… aux oiseaux presque naturels …
comme dans un fragment de tablier ou de vêtement Chancay (1000-1476) formé d’une partie supérieure en toile simple suivie d’une bordure en tapisserie à fentes (kilim) sur deux fils de chaine et terminée pas une frange, en tapisserie aussi, dont chaque bandelette est formé de six paires de fils de chaine, Figure 11. La bordure présente un alignement d’oiseaux vus de profil avec une tête attachée au corps par un cou court, pourvue d’un bec court et puissant, d’un embryon d’aile déployée, d’une queue en trapèze et de deux pattes avec quatre doigts chacune. Ils sont pratiquement identiques à ceux d’un fragment publié par Corcuera [11], Figure 12, et d’un autre du Museum of Fine Arts de Boston [12] (Samuel Putnam Avery Fund, Inv. 52.480), Figure 13, très proches mais sans la petite aile. Notez que ces deux bordures sont limitées en partie supérieure et inférieure par un ruban avec un rang de losanges identique à celui de notre pièce. Un style très proche d’oiseaux, mais avec des pattes beaucoup plus longues, figure dans un panneau (inv. 71.1930.19.491), dans une demi-pyramide scalaire (inv. 71.1933.0.271.104 X), et dans un bandeau vertical (inv. 71.1947.0.5.649 X) avec un bec beaucoup plus gros, du Musée du quai Branly. Figure 11 : Fragment de tablier ou de vêtement, Chancay (1000-1476), 23x56 cm. © Collection Fruman
Figure 12 : Fragment de tunique, Chancay (1000-1500), 54x32 cm (voir référence 11)
Figure 13 : Bordure de manteau, Chancay (1000-1476).
© Museum of Fine Arts de Boston,
Samuel Putnam Avery Fund, Inv. 52.480
Il est intéressant de comparer un autre fragment de notre collection, Figure 14, à celui de la Figure 11. On voit que la bordure d’oiseaux est pratiquement identique, et qu’il ne se distingue que par la présence en partie haute d’une demi-pyramide à sept marches semée de motifs triangulaires, avec une « ouverture » au centre, posées sur un socle trapézoïdale.
Figure 14 : Fragment de tunique, Chancay (1000-1500), 56x23 cm. © Collection Fruman.
On retrouve ces motifs décoratifs, dont la signification nous est inconnue, décrits comme «deux triangles superposés décorés d'un cercle » dans un fragment (inv. 71.1971.0.1.2 X) et presque les mêmes mais avec des doigts dans un panneau frangé (inv. 71.1947.0.5.631 X) du Musée du quai Branly, dans une bordure Chimu (?) du Metropolitan Museum de New York (Gift of Henry G. Marquand, inv. 82.1.27), Figure 27, et dans un fragment publié par Corcuera [13], Figure 15.
Figure 15 : Fragment de tunique,
Chancay (1000-1500), 54x32 cm (voir référence 11).
Ces deux fragments présentent aussi des oiseaux : au Metropolitan certains ont un bec crochu et d’autres une crête dont nous parlerons plus loin, Figure 24, et chez Corcuera ils sont assez proches de ceux que nous venons de décrire, quoique plus ramassés, avec une queue beaucoup plus courte qui arrive au niveau de l’aile déployée.
Des oiseaux un peu plus élégants, avec un bec court, un grand œil rectangulaire, un cou long, un embryon d’aile,une queue de petite taille et deux pattes avec deux doigts chacune, sont représentés dans d’une bordure avec frange Chimu (1000-1500), 17x34 cm, encadrés par deux frises de vagues déferlantes, appelées aussi « flots » ou « postes » [14], Figure 16. Les oiseaux sont comparables à ceux d’un fragment, Figure 17, du Museo de América à Madrid (inv. 14758), où des frises de demi-pyramides scalaires enchevêtrées viennent remplacer les vagues déferlantes des bordures.
Figure 16 : Bordure avec frange Chimu (1000-1500), 17x34 cm. © Collection Fruman
Figure 17 : Fragment de bordure avec franges.
Museo de América à Madrid (inv. 14758).
Une autre bordure de notre collection, Figure 18, Chimu (1000-1500) avec frange à large tête plate et longue jupe effilée, est décorée avec des oiseaux assez proches de ceux de la Figure 16. La bande est limitée en partie supérieure et inférieure par une frise où se répètent des motifs de grecques prolongeant des demi-pyramides à marches, polychromes et imbriqués les uns dans les autres. Ces motifs sont tout à fait analogues à ceux que dans le langage ornemental occidental on appelle « chiens courants, flot grec, méandre ou frette » [15], et est identique, quoique avec moins de marches, de ceux de deux fragments Tiwanaku-Huari reproduits par Anton [16]. Les oiseaux sont apparentés à ceux de deux fragments de bandeaux du Metropolitan Museum (inv. 33.149.56 et 09.50.1045).
Figure 18 : Détail d’une bordure avec frange, Chimu (1000-1500), 7,5x37 cm (bordure),
12x37 cm (frange). © Collection Fruman
Toujours dans notre collection et du même origine on trouve un type d’oiseau étonnant avec une tête assez grande prolongée d’un long bec posée sur un corps ramassé avec deux embryons d’ailes et une large queue, le tout soutenu par deux pattes fléchies terminées par deux doigts en forme de griffe. Sur un fond rouge, les corps des oiseaux ont un dessin très original et sont colorés avec une combinaison de noir, jaune, marron, rose, rouge, châtain et blanc.
Figure 19 : Détail d’une bordure, Chimu (1000-1500), 8,5x74,5 cm. © Collection Fruman
En raccourcissant les pattes on produit des canards comme ceux de la Figure 20, qui sont très proches de ceux du Metropolitan Museum (Rogers Fund, inv. 09.50.1045).Notez que notre frise aux oiseaux est cernée en haut et en bas par deux frises de grecques aux demi-pyramides scalaires comme pour le fragment de la Figure 18.
Figure 20 : Détail d’une bordure, Chancay ( ?) (1000-1500), 15x87cm. © Collection Fruman
Un autre fragment de bordure, Figure 21, offre une frise d’oiseaux (poussins ?) portés par une seule patte visible. La frise est encadrée par deux autres avec une répétition du motif de la grecque aux demi-pyramides à marches. Sur fond rouge les oiseaux sont monochromes – jaune, châtain clair, rose, marron – cernés d’une couleur contrastée. Les oiseaux, sont fortement apparentés à ceux d’un fragment du Museo de América à Madrid (inv. 14592), Figure 22, avec un dessin plus anguleux et des couleurs plus contrastése.
Figure 21 : Détail d’une bordure, Chancay ( ?) (1000-1500), 16x73 cm. © Collection Fruman
Figure 22, Fragment de bordure, côte centrale (1000-1450).
© Museo de América à Madrid (inv. 14592)
Dans le même esprit, et se différenciant par l’utilisation de deux couleurs dans la représentation des oiseaux, deux bordures frangées, probablement Chancay (1000-1500), qui sont à rapprocher aussi du fragment du Museo de América à Madrid (inv. 14592), Figure 23. Les oiseaux sont sur fond crème par paires avec une combinaison de deux couleurs chacun en alternance. La frise d’oiseaux est encadrée par des motifs de grecque aux marches s’emboitant de couleur noir et crème. La frange avec des bandelettes de différentes couleurs est assez rare et est à rapprocher de celle de la Figure 22.
Figure 23 : Détail d’une bordure, Chancay ( ?) (1000-1500), 17,5x47,5 et 18x48,5 cm. © Collection Fruman.
L’exemple suivant, Figure 24, tranche avec tous ceux que l’on a vus précédemment puisqu’il s’agit ici d’une frise d’oiseaux dont la tête se prolonge par un bec fortement recourbé vers le bas et est coiffée d’une importante crête (aigrette ou huppe) dirigée vers l’avant. L’aile de petite taille semble être déployée, la queue s’ouvre en trois parties (plumes ?), et les deux pattes fléchies se terminent par quatre doigts minuscules. Cet oiseau peut être interprète comme un condor tel que celui décorant un couteau cérémonial du Metropolitan Museum de New York (Bequest Jane Costello Goldberg, inv. 1987.394.217). Au-dessus et en dessous des oiseaux et séparés par une succession de bandes de couleur rouge, jaune passé et jaune on trouve une belle frise de grecques scalaires formées d’une vague (ou flot) géométrisée adossée à trois marches Sur un fond jaune, les corps des oiseaux sont en rouge, mauve, jaune passé et rehaussés de touches de blanc. Une frange à large tête plate et longue jupe effilée de deux tonalités de rouge est cousue à la tapisserie.
Figure 24 : Fragment avec bordure et frange, Chancay ( ?) (1000-1500), 41x37 cm. © Collection Fruman
On trouve des oiseaux à crête dans plusieurs spécimens : dans deux fragments scalaires (inv. 71.1933.0.271.110.1-2 X) et un fragment de bordure (inv. 71.1947.0.5.740 X) du Musée du quai Branly, dans un petit fragment du Museo de América à Madrid (inv. 14595), Figure 25, qui se différencient par une crête plus horizontale et un bec moins recourbé et ouvert, dans deux autres fragments, l’un du Museum of Fine Arts de Boston [17] (inv. 78.90), Figure 26, et l’autre de la collection du Georgia State University, où les oiseaux sont plus proches des nôtres, et finalement dans un superbe fragment de bordure avec frange du Metropolitan Museum de New York (Henry G. Marquand, inv. 82.1.27), Figure 27. Des oiseaux avec crêtes de différents tailles et formes se retrouvent dans des spécimens du Musée du quai Branly (inv. 71.1947.0.5.744 X) et (inv. 71.1878.8.111) « avec un long panache (ou huppe) incurvé qui partant du derrière de la tête revient en avant au-dessus de la tête », (inv. 71.1964.86.152) et (inv. 71.1964.86.154) avec une huppe se prolongeant à l’avant et à l’arrière du sommet de la tête comme dans un dessin d’Anton [18]. D’après cet auteur [19], les méandres à marches (ou scalaires) qui décorent les deux frises de notre fragment symbolisent les ailes des oiseaux dans le Pérou ancien.
Figure 25 : Fragment de bordure et frange, 29,5x17 cm.
© Museo de América, Madrid, (inv. 14595).
Figure 26 : Fragment de bordure, Rimac (?) (1000–1476).
© Museum of Fine Arts de Boston (inv. 78.90).
Figure 27 : Fragment de bordure avec frange, Chimu ( ?) (1000-1500). © Metropolitan Museum de New York
(Henry G. Marquand, inv. 82.1.27).
Nous allons finir cette présentation par des oiseaux « bizarres » qui détonnent par rapport à tous ceux que l’on a vus précédemment. Il s’agit d’un fragment de bordure en tapisserie à fentes (kilim) à chaine de coton et trame en laine de camélidé avec frange à tête plate et jupe effilée ajoutée par couture, Figure 28. La bordure présente une frise d’oiseaux de profil au très long cou, la tête tournée vers la queue, l’œil démesurément grand et le bec ouvert comme s’ils voulaient attraper un petit oiseau stylisé volant à leur hauteur. Le corps aplati porte une aile courte déployée et une queue se terminant pas quatre plumes ( ?) et s’appuie sur deux pattes fléchies se terminant par trois doigts. Sur un fond rouge passé, les grands oiseaux sont en noir et blanc et se distinguent par les couleurs de l’œil : blanche, rouge et noir ou rouge, blanc et noir (par substitution de l’un à l’autre. Les petits oiseaux, nourriture des grands, sont de couleur châtain clair. En partie supérieure et inférieure la frise d’oiseaux est limitée par une succession de bandes noir, jaune et rouge Figure 28 : Fragment de bordure avec frange, Chancay ( ?) (1000-1500),13x30 cm (bandeau), 6x29 (frange).
© Collection Fruman.
Les grands oiseaux sont globalement proches de ceux dessinés dans Anton [20]. On retrouve le long cou, la tête occupée pratiquement en totalité par l’œil et les pattes fléchies. L’aile courte et la queue avec des pointes apparaissent dans un oiseau (pélican) brodé reproduit dans d’Harcourt [21], originaire de la côte centrale sans préciser la période. Le seul oiseau avec la tête tournée vers la queue est celui, beaucoup plus tourmenté, répété douze fois sur un panneau de Metropolitan Museum de New York (inv. 33.149.96), Figure 29. Les petits oiseaux sont identiques à ceux des dessins publiés par Anton [22] et Figures 7 et 8 de ce document.
Figure 29 : Détail d’un fragment de tapisserie, côte centrale (1000-1500). © Metropolitan Museum de New York
(Gift of George D. Pratt, inv. 33.149.96).
Conclusion
Cette note a permis de mettre en évidence à partir d’un nombre limité de textiles précolombiens du Pérou de notre collection, provenant des horizons intermédiaire tardif et tardif, qui couvrent la période comprise entre le Xe et le début du XVIe siècle de notre ère, les visions de volatiles utilisées dans leur décoration. La documentation imprimée et celle accessible de manière relativement aisée par Internet ont rendu possible d’utiles confrontations avec des œuvres de très nombreux musées et ont permis de montrer, nous l’espérons, l’emploi d’une iconographie somme toute assez réduite qui subit de légères modifications de forme et couleur au gré de l’« inspiration » des tisseurs. La question se pose de savoir comment ces modèles étaient portés à leur connaissance. On peut penser que, comme dans les « guildes » médiévales, les tisseurs se regroupaient dans des communautés à l’intérieur desquelles l’information graphique circulait librement et s’enrichissait par l’interaction avec d’autres métiers - potiers, sculpteurs, orfèvres – qui employaient le même langage décoratif.
*Envolés imaginaires : Les oiseaux dans l’art précolombien.
[1] Kelemen (Pál), Medieval American Art, Dover Publications, Inc. New York, 1996, p. 230
[2] Birds of all sorts appear in Andean art, from the little humming birds, depicted on Nazca bowls, to the ducklike creatures on bands of tapestry and the conventionalized figures hammered into metal-work.
[3] d’Harcourt (Raoul), Les textiles anciens du Pérou et leurs techniques, Musée du Quai Branly-Flammarion, Paris, 2008, p. 26, fig. 12 E, et 30.
[4] Anton (Ferdinand ), Ancient Peruvian Textiles, Thames and Hudson, Londres, 1987, page 142, figure 70, et planche 154.
[5] Anton, p. 42, Figure 70.
[6] Stone-Miller (Rebecca), To Weave for the Sun: Ancient Andean Textiles in the Museum of Fine Arts, Boston, Museum of Fine Arts, Boston, 1992, p. 209, N° 14,17 et 18
[7] d’Harcourt; p.38, planche XIX.
[8] Anton, p. 152, Fig. 83.
[9] Stone-Miller, Plate 59, n° 268, p. 22, 48, 163, 251
[10] Anton, pl. 128
[11] Corcuera (Ruth), Herencia Textile Andina, Ediciones CIAFIC, 1995, p. 69 et 152, planche 37
[12] Stone-Miller, p.252, N° 273
[13] Corcuera, p. 70 et 152, planche 38
[14] Derroitte (Luc), Dictionnaire de l’ornement, Éditions Gisserot, 2012, p. 141.
[15] Derroitte, p.70.
[16] Anton, Planches 113-114, p. 223
[17] Stone-Miller, p. 210, N° 27.
[18] Anton, p. 145, Figure 74
[19] Anton, p. 142
[20] Anton, Figure 12, p. 17.
[21] d’Harcourt, p. 143, Planche LXXIII 1 et 2.
Date de dernière mise à jour : 30/01/2020
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