MON TRUC EN PLUMES I
Mon truc en plumes
Plumes de zoiseaux
De z'animaux
Mon truc en plumes
C'est très malin
Rien dans les mains
Tout dans le coup de reins
Bernard Dimey
Avant-Propos
J’ai taché, dans la préparation de cette note, de fournir aux lecteurs le plus d’information possible accessible via Internet. C’est la raison de la présence de textes, en couleur et soulignés, qui vous conduiront avec l’opération Ctrl+clic vers la page source. Ceci m’a permis de diminuer les références en fin de texte et, j’espère, faciliter et dynamiser la lecture.
Je tiens aussi à signaler que j’ai commencé à travailler dans cette note le 12 juillet, bien avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, et que j’ignorais, je vous l’assure, que le premier « tableau » qui nous serait présenté était celui de Lady Gaga « imitant » Zizi Jeanmaire quand elle nous enchantait avec son « truc en plumes ». Je me permets de penser que la seule chose en commun de ces deux artistes sont les plumes, mais certainement pas le talent et le charme.
Ceci étant dit voyons …
La plume avant le « truc »
Des recherches récentes ont permis de montrer qu’il est tout à fait plausible que l’homme de Néandertal se soit servi de plumes comme accessoires de « costume ». Malheureusement, étant donné la décomposition des matières organiques, aucune preuve directe n’est disponible pour rendre cette hypothèse crédible. Cependant, « une analyse microscopique d'échantillons de sol provenant de contextes funéraires de chasseurs-cueilleurs révèlent la première preuve directe de l'utilisation de plumes au cours de la période mésolithique du nord-est de l'Europe », plus de 10000 ans av. J. C.
Une preuve indirecte plus récente de leur usage comme ornement est fournie par la statue d'Amon protégeant Toutankhamon du Louvre, datable de 1330/1321 av. J. C., fig. 1, où le dieu est coiffé d’une couronne surmontée de deux plumes d’autruche droites au sommet arrondi. Les couronnes des dieux Osiris et Sobek sont, fig. 2, elles, agrémentées de deux plumes d'autruche, aussi, mais posées symétriquement de chaque côté.
Figure 1
Amon protégeant Toutankhamon, Louvre
Figure 2
Osiris debout momiforme, Drouot.com
Suivant Julien d’Huy, « l’autruche était connue par les anciens Égyptiens pour être un oiseau agressif » et donc « le symbole du guerrier » depuis l’époque protodynastique comme le montrent les images des « chasseurs au chef emplumé » de la « Palette de la chasse » au Louvre, fig. 3.
Figure 3
Palette de la chasse, Louvre, © 2002 Musée du Louvre, GrandPalaisRmn/Christian Décamps
À notre connaissance l’un des objets en plumes le plus ancien conservé daterait de 300-200 av. J. C. et proviendrait du bassin d’Ocucaje au Perou. Il s’agit d’un panneau presque carré, de plus d’un mètre de côté, décoré de plumes d’ara bleu et jaune, de coq-de-roche et d’ara écarlate, fig. 4, conservé au Musée du Textile de la GWU, USA.
Figure 4
Panneau, circa 300-200 av. J. C. Toile de coton avec plumes d’ara bleues et jaunes,
de coq-de-roche et d’ara écarlate. © Musée du textile, Washington DC
Acquis par George Hewitt Myers
De la même période, Paracas (800-100 av. J. C.) un autre panneau, fig. 5, probablement du même ensemble si l’on considère la similitude des bordures, et de la même collection.
Figure 5
Panneau, Paracas, © Musée du textile, Washington DC, Reference : 91.883,
Acquis par George Hewitt Myers en 1957
Cette production de textiles s’est prolongée jusqu’à l’arrivée des « conquistadores » mais ne donna pas lieu à un quelconque développement postcolonial, comme ce fut le cas au Mexique.
En effet, il ne reste de la production indigène textile de cette zone géographique que quelques œuvres tardives, du début du XVIe siècle, comme la magnifique coiffe, fig. 6, du Weltmuseum Museum de Vienne et le manteau dit de Moctezuma des Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles[1].
Figure 6
Coiffe en plumes, Mexique, Aztèque, début du XVIe siècle, © KHM-Museumsverband, Vienne
Figure 7
Manteau dit de Moctezuma, © Paul M.R.Maeyaert; Koninklijke Musea voor Kunst en Geschiedenis; Brussel; Belgique
Par contre, les travaux en mosaïque de plumes par collage[2],[3] - totalement différents de ceux de ligature des plumes, sur une surface de support, par couture ou par nœuds - sont relativement nombreux et assez bien représentés en France. En particulier, le Musée National de la Renaissance à Ecouen possède un magnifique triptyque de la Crucifixion, fig. 8, et le Musée des Amériques à Auch a réuni un nombre important d’œuvres qui ont été présentées en 2022 au Musée du quai Branly Jacques Chirac. La fig. 9 montre, à titre d’exemple la Messe de Saint-Grégoire exécutée en mosaïque de plumes en 1539. Il faut aussi mentionner la mitre en plumes du Musée de l’Argenterie du Palazzo Pitti à Florence.
Figure 8
Triptyque de la Crucifixion (Détail), Musée National de la Renaissance d’Ecouen
© (C) RMN-Grand Palais, René-Gabriel Ojéda
Le fond est à comparer à celui de la fig. 9
Figure 9
Messe de Saint Grégoire, Mexico, 1539 ; Pierre de Gand (sous la direction de)
Tableau de plumes, bois, papier amate, colle végétale,
Musée des Amériques – Auch, n° inv. 86.1.1
© RMN-Grand Palais (musée des amériques-auch)/Benoit Touchard
En poursuivant notre cheminement, un peu tortueux je l’admets, dans le passée de la plume avant « le truc » nous retrouvons en Europe, à peu près à la même époque, 1521, que la Messe de Saint Grégoire que nous venons d’évoquer, un beau chevalier coiffé d’un chapeau grandiose adorné avec des plumes d’autruche (celles des dieux de l’Égypte ?) qu’il a eu l’intelligence de documenter pour la postérité que nous sommes, fig. 10.
Figure 10
Coiffe portée par Matthäus Schwarz, un « fashioniste » allemand de 24 ans, le 10 mai 1521.
Provient du Klaidungsbüchlein or Trav. J. C.htenbuch (“Livre de vêtements”) de Matthäus Schwarz (1497–1574)
« L’entier chef-d'œuvre mesure plus d'un mètre de largeur et 45 cm de hauteur. Il comprend un bonnet à rebord fendu en feutre, satin et velours ; et la coiffe en plumes elle-même, qui repose sur une armature métallique légère. Trente-deux longues plumes d'autruche, cousues ensemble pour former seize magnifiques plumes, recouvrent cette structure, complétée par des paillettes d'or cousues individuellement avec du fil métallique sur chaque tige[4] »
Ce chapeau, Figure 11, a été reproduit grâce à des semaines de travail d’une équipe de cinq modistes, feutreurs, et costumiers britanniques hautement qualifiés et leurs assistants sous les auspices de la London’s School of Historical Dress de l’Universié de Cambridge, UK.
Figure 11
Reconstruction de la coiffe portée par Matthäus Schwarz le 10 mai 1521 (https://www.youtube.com/watch?v=8xDew85yiDY)
Figure 12
d’après le Klaidungsbüchlein or Trachtenbuch
Ce ne sont pas seulement les hommes, Figure 12, et en particulier notre bon Matthäus, mais aussi les dames de la haute société qui se laissent tenter par les plumages, plus ou moins fournis, de leurs chapeaux, fig. 13, que l’on connait grâce à l’œil attentif et la main juste de Lucas Cranach le vieux.
Figure 13
Les dames de Lucas Cranach le vieux.
À droite la Duchesse Katharina von Mecklenburg, à gauche Trois princesses de Saxe
Quittons ce XVIe siècle et rentrons dans le XVIIe qui nous réserve la surprise de voir cette mode se prolonger plus fastueusement et, en France, de rencontrer les Mazarinettes et autres dames de qualité, comme la Grande Mademoiselle, se parer pompeusement de belles plumes d’autruche. Ainsi, nous voyons, Figure 14, Marie Anne, Laura Vittoria et Olympe Mancini coiffées à rendre jaloux rétrospectivement Matthäus et les dames allemandes de Cranach de la fig. 13.
Figure 14
Marie Anne, Laura Vittoria et Olympe Mancini coiffées de plumes.
Si je me suis intéressé à ces dames du XVIIe siècle portant un panache[5] ce fut à cause de l’antependium des Ursulines d’Amiens, daté entre 1660 et1680, de notre collection où deux des vertus théologales - la Charité et la Foi – sont représentées par des femmes superbement habillées et coiffées de plumes, fig. 15 et 16. Ce qui démontre que cette « mode » était suffisamment populaire, au moins parmi les personnages d’un certain milieu social fréquentant ces institutions religieuses, pour que les brodeuses s’en inspirent dans un ouvrage aussi important que cet antependium.
Figure 16
La Charité
Figures 15 et 16, détails de l’antependium des Ursulines d’Amiens.
Ancienne collection Josiane & Daniel Fruman, Musée de Picardie, Amiens
Le siècle suivant semble avoir été particulièrement porté sur la plume, parfois jusqu’à l’excentricité et « c’est surtout au cours des années 1776, 1777 et 1778 que la France connut les fantaisies les plus outrées » dans l’utilisation des plumes agrémentant les coiffures. À titre d’exemple je reproduis deux portraits de Marie-Antoinette par Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun, l’un dans un intérieur, avec ses enfants, et l’autre, campagnard, avec une rose.
Figure 18
Figures 17 et 18, portraits de Marie-Antoinette par Élisabeth-Louise Vigée-Lebrun
Dans les deux cas les plumes sont omniprésentes. Un autre exemple de cette démesure est montré dans l’estampe reproduisant un « Bonnet d’un genre simple », fig. 19, dont la dimension et la complexité dépassent les aimables « folies » de la Reine. Dans « L'art de la coiffure féminine : son histoire à travers les siècles … » on lit « C’est à la fin de 1773 que commence la folie des plumes. La coiffure, dite « La loge d’Opéra (sic), … ne devait pas dépasser (du bas du menton à son sommet) soixante-cinq à soixante-dix centimètres. Belle proportion déjà ! » (voir aussi Kybalova 1970[6]). .
Figure 19
Cabinet des modes, ou les Modes nouvelles, décrites d'une manière claire & précise, & représentées par des planches en taille-douce, enluminées, 15 avril 1786.
« Le bonnet que porte la jeune Personne … est d’un genre simple, mais gracieux. Il est de gaze-linon rayé, garni d’une guirlande de perles. Une touffe de gaze pareille tombe derrière en forme de barbe. Il est surmonté de trois plumes ; une noire, une verte et une autre couleur de rose. »
Il ne faut pas oublier l’utilisation des plumes dans les costumes de scène et, pour les illustrer, quoi de mieux que celui dessiné par Henri de Gissey pour être porté par le jeune Louis XIV dans le rôle d’Apollon du « Ballet de la Nuit » en 1653, fig. 20.
Figure 20
Costume dessiné par Henri de Gissey pour être porté par le jeune Louis XIV (15 ans)
dans le rôle d’Apollon du « Ballet de la Nuit » en 1653. © Gallica
La transition entre le XVIIIe et le XIXe siècle a été, en France, particulièrement mouvementée et le passage révolutionnaire - la 1ere République suivie de la Convention, du Directoire, du Consulat et enfin de l’Empire – donna lieu à des changements de style qui délaissèrent les exagérations de l’Ancien Régime et introduisirent une certaine modestie dans l’usage des plumes pour les coiffes et les bonnets[7]. Une belle mise en scène d’une dame de qualité de l’Empire vêtue d’une robe d’apparat et coiffée d’un chapeau emplumé est extraite du livre Fashion[8] et reproduite fig. 21.
Figure 21
Robe d’apparat, 1805. © Kyoto Costume Institute
La restauration de la royauté et sa suite ne changèrent pas grand-chose[9]. Il est intéressant de noter qu’aucun des portraits de l’impératrice Eugénie ou de la reine Victoria ne les montrent coiffées d’un soupçon de plume !
Il faut aller chercher les plumes ailleurs! Et, on les trouve pas trop loin de la tête, autour du cou ou sur les épaules, sous la forme d’une « longue et étroite écharpe (ou étole) de fourrure ou de plumes d’autruche[10] » nommée boa, en référence au boa constrictor, énorme serpent qui s’enroule autour de sa victime. Celui qui nous concerne peut le faire d’une manière plus ou moins esthétique et harmonieuse suivant la personne qui le porte, comme le montre la charmante jeune femme peinte par François Gérard avant 1837, fig. 22. D’une autre époque et probablement d’un autre milieu, une jeune femme aussi, mais avec un regard plus perçant et un boa noir, fig. 23, peinte par Toulouse Lautrec à la fin du XIXe siècle.
Figure 22
Jeune-femme au boa. François Gérard, Musée des Beaux-Arts, Nancy
Il faut attendre l’arrivée de la Belle Époque - de la fin du XIXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale comprise - pour voir renaitre le goût pour les plumes agrémentant les coiffes et bonnets. Cet « âge d’or du chapeau à plumes » s’exprime par l’augmentation du « nombre de plumassiers présents à Paris à cette époque : en 1820, 51 …, puis 83 en 1855, … 292 en 1907,… et 425 en 1919 »[11],[12] répartis dans plus d’une trentaine d’ateliers. L’usage des plumes est devenu tellement important que la question animale s’est trouvée posée et leur usage a été contesté.
Il serait trop ambitieux de donner une idée de cette production et je me limiterai à présenter un exemple de chapeau, vers 1900, aujourd’hui au Kyoto Costume Institute[13], fig. 24.
Figure 24
Chapeau vers 1900. © Kyoto Costume Institute
Pour ceux ou celles qui s’intéressent particulièrement à cette époque je leur suggère de visiter le site « chapeau aux femmes qui ont sauvé les oiseaux » où ils trouveront des informations concernant la défense des oiseaux et quelques chapeaux…
Le XXe siècle semble avoir permis aux plumes une renaissance dans deux domaines : celui de leur utilisation dans les vêtements d’une part et, d’autre part et de façon spectaculaire, c’est le cas de la dire, dans le music-hall qui, apparut au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, se popularise au début du XXe[14].
Balenciaga crée en 1957 une robe en plumes[15](numéro 33), fig. 25, qui précède de quelques années le « truc » qui donna à la plume, grâce à une conjonction d’étoiles, un statut de symbole érotique et sensuel. C’est ce que nous allons voir dans la suite.
Figure 25
Robe de Balenciaga de 1957
Le truc…
1961. D’abord une femme, Zizi Jeanmaire[16], danseuse classique et membre de la troupe de l’Opéra de Paris, ayant quitté les pointes pour les talons hauts sous les auspices de son pygmalion, Roland Petit, danseur dans la même troupe et devenu chorégraphe. Ensuite un jeune génie, Yves Saint Laurent, qui comprend que Zizi n’a besoin que de peu de choses et la déshabille d’un petit pull noir et de collants de soie, noirs aussi, qui moulent son corps magnifique sur lequel et autour duquel il déploie des parures de plumes et d’autres fanfreluches. Et pour finir un parolier, Bernard Dimey, et un compositeur, Jean Constantin, qui pondent « Un truc en plumes » pour une « poule » qui s’en empare et rend leur texte, qui n’a rien d’exubérant, proprement dévastateur grâce à sa gouaille et son « coup de reins » qui « fouette le sang » et fait fondre « le bitume ».
Figure 26
Zizi Jeanmaire habillée par Yves Saint Laurent pour la Maison Dior
« Je vous parle d’un temps que les moins de [80] ans ne peuvent pas connaitre » mais qui a façonné la mode de la deuxième moitié du XXe et du début du XXIe siècle comme je vais essayer de le montrer.
Après le truc…
Quand Zizi se promenait avec ses plumes sur les planches du Casino de Paris une autre artiste, danseuse et comédienne aussi, Cyd Charisse, jouait en 1962 dans un film de Vincent Minnelli, Quinze jours ailleurs, où elle était habillée par Pierre Balmain d’une robe noire totalement recouverte de paillettes et garnie de plumes de coq[17], Figure 27.
Figure 27
Cyd Charisse habillée par Pierre Balmain en 1962 d’une robe noire
totalement recouverte de paillettes et garnie de plumes de coq. (c) Patricia Canino
En 1968 Givenchy, couturier chez Balenciaga, crée une robe du soir de satin et velours dont la jupe est couverte de plumes teintes en noir, Figure 29[18]. Elle donne à penser au travail amérindien du Manteau dit de Moctezuma, fig. 7, produit quelques cinq siècles plus tôt. C’est aussi le cas pour la robe de mariée, fig. 30, d’Oscar de la Renta pour la maison Balmain[19] en 1995, presque 30 ans plus tard que celle de Givenchy.
Figure 28
Givenchy pour Balenciaga, Aout 1968
Figure 29
Robe de mariée, Oscar de la Renta pour la maison Balmain, Printemps/Été 1995.
En 2021 la maison « On aura tout vu », que j’ai connue à ses débuts, a présenté à son défilé de la semaine de la haute couture plusieurs robes emplumées. J’ai distingué celle, fig. 30, qui s’approche notablement de la création de Balmain de la Figure 27.
Figure 30
Défilé haute couture 2021, © On Aura Tout Vu
C’est cette même maison qui s’est distinguée, en présentant en 2020 au Paradis Latin sa collection « Des …Equilibrum », avec un ensemble constitué d’un maillot brodé de cristaux de différentes tailles dont la rigidité et la brillance tranchent avec la souplesse, la légèreté et la relative opacité des plumes du manteau, fig. 31, qui n’a rien à envier à celui de Moctezuma, fig. 7.
Figure 31
On Aura Tout Vu, collection Des …Equilibrum, Printemps 2020
Au cours du même défilé, et inspiré probablement des coiffures en plumes d’aigle des populations précoloniales de l’Amérique du nord, un costume ( ?) masculin avec coiffe et cape courte en plumes, fig. 32.
Figure 32
On Aura Tout Vu, collection Des …Equilibrum, Printemps 2020
Finalement, l’artiste chinois Zhang Zhehan portant le manteau de la fig. 31 dans le contexte de l’un de ses concerts.
Figure 33
L’artiste chinois Zhang Zhehan portant le manteau noir en plumes de la Figure 31
On Aura Tout Vu, Printemps 2020
Je ne voudrais pas clore cette section sans mentionner quelques autres créatrices et créateurs contemporains qui se sont intéressés aux plumes en apportant leur vision novatrice. C’est le cas d’Iris-Van-Herpen qui présentait, à l’exposition « Sculpting the senses » qui lui était consacrée au Musée des Arts Décoratifs en 2023/2024, parmi les nombreuses œuvres exposées, la robe en plumes noir et blanc reproduite en fig. 34. S’agit-il de plumes naturelles ou artificielles ou de flèches ? À chacun son choix !
Figure 34
Iris-Van-Herpen, robe en plumes noir et blanc.
On note qu’entre le baroquisme de « On Aura Tout Vu » et l’ascétisme futuriste de van Herpen il y a de la place pour le « classicisme chic » d’un Alexandre Vauthier, fig.35.
Figure 35
Robe d’ Alexandre Vauthier, haute couture automne/hiver 2023-2024
En guise de conclusion
Mon intention première en préparant cette note était de confronter les techniques du passé avec celles du présent, comme il m’est arrivé de le faire dans celles dédiées aux expositions Schiaparelli au MAD et Sleeping beauties au Metropolitan Museum. Rien ne me laissait présager alors que le sujet était aussi vaste et, en dépit de sa longévité, toujours aussi actuel, comme je le découvrais peu à peu en compulsant ma bibliographie et surtout internet. J’ai donc changé ma plume d’épaule et décidé de consacrer cette première note à un résumé historique très concentré et aussi bien illustré que possible pour ouvrir l’appétit de mes lecteurs et les préparer à la suite...
… au prochain numéro …
Texte et photos Daniel H. Fruman
(sauf quand renvoi à une adresse Internet)
Août 2024
Je tiens à remercier Danièle Denise, Conservateur honoraire du patrimoine, d’avoir bien voulu corriger ce texte et m’apporter ses consei et encouragements. Merci aussi à DS pour sa relecture du texte au fur et à mesure de sa progression.
[1] Le Triptyque Aztèque de la Crucifixion-Cahiers Musée Nal. de la Renaissance N°3, 2005, p. 40 et 41, Fig. 25
[2] Ibid. p. 47.
[3] PREM (Hanns J.) et DYCKERHOFF (Ursula), Le Mexique Ancien, p. 209, 362 à 365
[4] Traduction de : The completed masterpiece measures more than a meter in width and 45 cm in height. It comprises a split-rim bonnet made of felt, satin and velvet; and the feather headdress itself, which sits on a light-weight wire frame. Thirty-two long ostrich feathers, sewn together to form sixteen magnificent plumes, cover this structure, complete with gold spangles which were individually stitched with metal thread onto every spine.
[5] Grande plume ou bouquet de plumes, souvent de couleurs diverses, liées à la base et s'épanouissant librement, utilisé(e) comme ornement.
[6] KYBALOVA (Ludmila), HERBENOVA (Olga), LAMAROVA (Milena), Encyclopédie Illustrée du Costume et de la Mode, Paris, Gründ, 1970, fig. 316, 324, 336, 535,536
[7] Ibid. fig. 365, 375, 383 et 386
[8] Fashion. Une histoire de la mode du XVIIIe au XXe siècle, Taschen, 2005,vol. 1, p. 164
[9] KYBALOVA (Ludmila), HERBENOVA (Olga), LAMAROVA (Milena), Encyclopédie Illustrée du Costume et de la Mode, Paris, Gründ, 1970,. fig. 401, 402, 410, 414, 463, 481 et 482
[10] Ibid. p. 469
[11] Au bonheur des dindes– Une brève histoire de l'usage des plumes dans la mode à la Belle Époque. Site https://aubonheurdesdindes.wordpress.com/2019/01/02/plumes-belle-epoque-chapeaux-et-coiffes/#_ftn3
[12] CONVARD Roger, La Plume dans tous Ses états : La Plume pour parure en France des origines à nos jours
[13] Fashion. Une histoire de la mode du XVIIIe au XXe siècle, Taschen, 2005,vol. II, p. 334. https://www.kci.or.jp/en/archives/digital_archives/1900s/KCI_132
[14] Il aurait fallu ici introduire deux personnages majeurs : Mistinguett et Joséphine Baker qui ont porté jusqu’au paroxysme leur amour pour les plumes. Le faire aurait rallongé beaucoup trop le texte. Pour les images cliquez sur les liens attachés aux noms.
[15] MILLER (Lesley Ellis), Balenciaga-Shaping fashion, V&A Publishing, 2017. La notice de la photo 90 ne donne aucun renseignement sur les matériaux utilisés dans la fabrication de la robe mais tout me donne à penser qu’il s’agit de plumes.
[16] https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/07/17/la-ballerine-et-chanteuse-de-music-hall-zizi-jeanmaire-est-morte-a-l-age-de-96-ans_6046492_3382.html
[18] MILLER (Lesley Ellis), Balenciaga-Shaping fashion, V&A Publishing, 2017, p. 166.
[19] SALVY (Gérard-Julien), Balmain, Éditions du Regard, 1996, p. 265.
Date de dernière mise à jour : 26/08/2024
Ajouter un commentaire